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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 7O7

bernissottes. Voici dexix francs. Allez porter vos figues à Natatoire.

Madame Cresp-Pois-Rouge. — Mais j'ai aussi une petite botte de thym. Si jamais vous aviez un civet à préparer, pour votre déjeuner...

Monsieur de Chatel. — Cette femme cache une insondable astuce. Mais, chère madame Cresp-Pois-Rouge, mon civet est en train de mariner dans déjà douze espèces d'herbes.

Madame Cresp-Pois-Rouge. — Mais le thym, ça n'est jamais perdu.

Monsieur de Chatel. — Bon, voici cinquante centimes ! Vous porterez aussi le thym.

A peine madame Cresp-Pois-Rouge a-t-elle tourné le coin de la maison^ pour rejoindre la cuisine^ que^ de l'autre côté de la scène, débouche madame Fougue^ la riche^ la scandaleuse madame Fougue, à la tête de chouette grasse. Elle porte sous le bras un gros panier pour faire le marché.

Madame Fouque. — Eh ! bonjour, monsieur de Chatel, j'ai appris par le facteur que vous prépariez un petit déjeûner pour recevoir le docteur Rouvière et madame Silvy... Alors, j'ai pensé vous faire plaisir, en voisine, en vous portant différentes petites choses.

Monsieur de Chatel. — Madame Fouque, j'ai déjà compté quatorze plats pour ce tout petit déjeûner.

Madame Fouque. — Oui, mais je sais que le docteur, il est très friand du lièvre et le préfère surtout en pâté. Alors, je vous en ai porté une petite terrine.

Monsieur de Chatel. — J'en ai déjà acheté une à M. Manou.

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