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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 733

fenêtres ne vient pas d'être ouverte, puis refermée ?... Avez-vous vu quelque chose ?

Monsieur de Chatel, stupéfait. — Je n*ai rien observé, monsieur l'abbé... je ne...

L'Abbé Pastorelli. — C'est qu'ils sont extrêmement malins... et lâches !... Il y en a un derrière chaque con- trevent... je ne m'y trompe pas... Des indices, impercep- tibles à tout autre qu'à moi, m'éclairent. D'ailleurs, au fond, ça m'est égal, puisqu'ils n'osent jamais descendre quand je passe.

Madame de Chatel. — Mais qui " ils, " monsieur l'abbé ?

L'Abbé Pastorelli. — Qui ?... Ah ! mais c'est vrai, madame, vous ne savez pas... Oh bien ! je vous en supplie, mettons que je n'aie rien dit, je m'en veux déjà de ma distraction.

Madame de Chatel. — Mais...

L'Abbé Pastorelli. — Non, non, madame, ne par- lons pas d'eux... je suis trop heureux aujourd'hui. Je me veux tout à la joie de voir, de revoir des gens civilisés et gentils, de m'entretenir un peu avec eux, — s'ils ne m'en jugent pas trop indigne, — de questions où il entre de l'art, de l'intelligence, de la pensée... Excusez d'avance le langage, peut-être suranné, d'un pauvre desservant de village, qui n'a vu Paris que trois mois, il y a dix ans...

Cependant le groupe est arrivé sur la terrasse. Les Chatel poussent, malgré eux, cTadmiratives exclamations. Car, après les visions un peu arides et sauvages de la route, cette place, outre son charme naturel, comporte une sorte de signification particulière de repos, d^accueil et de sécurité.

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