PETITS DIALOGUES GRASSOIS 737
cassis et la fleur du thym. Cela pourrait bien aboutir à un nauséabond divorce.
Monsieur de Chatel. — Je vous trouve le plus sympathique des alchimistes.
L'Abbé Pastorelli. — Il faut bien que je tente le plus de diversions possibles à mon existence. Mais parlez- moi plutôt de ce qui se passe dans cette heureuse portion de l'univers que vous habitez, là-bas, là-bas, à Magagnosc.
Monsieur de Chatel. — A deux kilomètres ?
L'Abbé Pastorelli. — C'est une distance morale, mais infinie.
Madame de Chatel. — Mais il me semble que les habitants d'ici ressemblent assez à ceux de vos parages.
L'Abbé Pastorelli. — Il n'en est rien cependant, madame. Car si mon confrère de Magagnosc est entouré du respect de ses ouailles, je reste ici à peu près seul pour représenter la religion chrétienne... Sapristi ! je m'étais pourtant bien promis de ne pas me laisser aller à parler de mes paroissiens, et voilà que c'est moi le premier qui...
Monsieur de Chatel. — Mais cela nous intéresse, au contraire, beaucoup...
L'Abbé Pastorelli. — Ah ! je reconnais volontiers que, pour un romancier, il y a là quelques détails assez amusants. Mais, que nous veut ce cher enfant ? (// vient en effet d^ entrer ^ sans presque quon V entende^ un petit garçon d^environ neuf ans, /*air niais et sournois, sa casquette à la main, et les pieds dans de silencieuses, de très silencieuses espa- drilles. Il est là y debout, embarrassé d^ avoir été reconnu si vite et fixant sur ^^les Parisiens*^ un œil avide et inquisiteur)... Eh bien ! mon cher petit, parlez. Quelle importante affaire vous amène ?
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