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��NOTES

��LE GRECO, par MM. Maurice Barres et Paul Lafond (Floury).

Si, bien souvent, dans l'œuvre du Greco, "un caractère spectral nous inquiète, nous scandalise et nous attire", nul livre n'est mieux fait, que celui de MM. Maurice Barrés et Paul Lafond pour calmer nos scrupules ou préciser notre hostilité. C'est un livre complet, tel qu'il en faudrait sur tout grand artiste. L'étude un peu grise de M. Paul Lafond nous donne un catalogue et une description de l'œuvre ; celle de M. Maurice Barrés, éclatante et passionnée, en étudie l'esprit, les raisons profondes, et ses réflexions souvent dépassent le Greco, dépassent l'Espagne, pour nous toucher dans nos préoccupations essentielles.

Au XVII* siècle, Pacheco, l'historien de la peinture espagnole, écrivait : " Qui croirait que Domenico Greco esquissât ses ouvrages, les retouchât à maintes reprises, afin de séparer et de désunir les teintes, pour donner ainsi à ses toiles leur aspect de cruelles ébauches, et pour simuler une plus grande liberté de facture, une plus grande puissance." Les anecdotes qui montrent l'orgueilleux enthousiasme que " cet artiste nerveux et d'une élégance un peu levantine " éprouvait pour son art ; celles qui nous le représentent volontaire, prompt à la défensive, hardi dans ses jugements, puisqu'il osait dire de Michel-Ange " que c'était un bon homme (un véritable homme) mais qu'il ne savait pas peindre"; le fait enfin qu'il ait développé, en de nombreux écrits, aujourd'hui perdus, ses réflexions sur la peinture, tout prouve que dans l'art déroutant du Greco peu de chose est dii au hasard, et encore

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