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798 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'oubli dans le temps présent. C'est pourquoi il ne faut pas craindre de redire à son tour et selon sa propre sensibilité intelligente ce que d'autres ont dit autrefois — et qui naturellement est candidat à l'oubli. Ainsi nous perpétuons la vie spirituelle et la prouvons par notre existence même d'écri- vains, en attendant les croque-morts embusqués. Mais voilà beaucoup de théorie pour quelques réflexions proposées au souvenir et à la médi- tation de quelques éphémérides centennales de Chateaubriand.

Le 20 février 1 8 1 1 Chateaubriand fut élu membre de l'Académie Française, qui, en ce temps napoléonien n'avait que le titre plus modeste et plus dépendant de Seconde Classe de l'Institut pour la langue et la littérature françaises. A l'exemple de la volonté du souverain, laquelle n'attendait guère pour se manifester et ne s'usait pas par la méditation, les élections académiques ne traînaient point en longueur comme elles le font maintenant, où il semblerait que les académiciens aient comme une peur superstitieuse de se trouver au complet. Quarante jours — un carême — après la mort de Marie-Joseph Chénier, son suc- cesseur fut désigné. Tout concourut au choix de Chateaubriand qui se serait bien passé sans doute d'un tel honneur, lequel n'ajoutait point tant à un esprit comme le sien ; de plus Chateaubriand était habile et il prévoyait que son attitude nécessaire

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