sible erreur, n’en sera que plus libre, que plus assuré, que plus juste.
M. d'Annunzio aura proclamé assez haut qu’il s’agit ici d'une œuvre de foi et de sanctification pour que nous n’hésitions pas à le croire ; j’entends : à croire qu'il le croit, non à croire que cela est. Car nous ne doutons pas de sa sincérité ! Mais ne s’y glisse-t-il pas, à son insu, un grain d’illusion né de l’ivresse des images, une certaine infatuation de grand artiste, qui s’attribue le pouvoir merveilleux de tout ressentir, de tout exprimer, et d’incarner, même au sens chrétien du mot, le Verbe ? Il faut d’abord y aller voir, M. d’Annunzio n’étant ni saint ni moine et ne semblant point particulièrement préparé à une entreprise si délicate.
Composer un “ mystère ”, quelle simplicité, quelle humilité d’âme cela suppose, cela exige ! Porter à la scène, non pas un conflit d’ordre chrétien, mais la divinité même, les gestes des saints et des anges ! Donner du martyre un spectacle, non pas brillant et curieux, mais si dédaigneux de l’aspect au contraire, que toute sa beauté, que toute l’émotion qu'il suscite, demeurent en-dedans et par-delà les sens.
J’imagine M. d’Annunzio dans cette attitude d’humilité lorsqu’il se décida à écrire en langue et en vers français son Mystère. Sans doute s’est-il