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NOTES 125

que c'était matière à développements faciles, — d'évoquer le souvenir de ceux qui promenèrent le romantisme de l'âme humaine par des sentiers où les feuilles, octobre venu, vont mourir, et de leur opposer les sentiments de M. Louis de Robert. Et pourtant c'est bien encore le livre d'un romantique que nous trouvons ici, ou de quelqu'un qui ne s'est point tout-à-fait débarrassé de l'apport du naturalisme. Il n'y a point là de restriction offensante, mais une constatation légitime. Nous savons par quels points, plus apparents que secrets, romantisme et naturalisme se touchent. Par l'appel, tout exté- rieur, qu'il faisait des plus hautes facultés de l'homme " fatal " en désaccord avec la vie, le romantisme condamnait la litté- rature à n'être plus l'expression que de mélancolies, de dégoûts, et de désespoirs individuels. Le naturalisme, en vou- lant tout remettre au point, en cherchant, mais avec quelle indifférence ! parmi les plus humbles ses héros qu'il situa dans les milieux les plus quotidiens, pensa nous obliger à conclure, pour nous-mêmes, de l'affaissement d'un seul à la désolation de tous.

Certes, nous sommes loin de prétendre qu'il n'y ait, en ce Roman d'un malade, que romantisme et naturalisme. Les pages les meilleures et les plus durables en sont précisément celles où l'auteur, — et nous pouvons dire : le héros, — se dépouillant tout à la fois du lyrisme vague et des méticuleuses précisions, écrit tout simplement, et crie " de profundis " en homme qui souffre, et non plus en homme de lettres.

C'est encore pour des notations d'intime déhcatesse que nous aimons ce livre.

— Est-ce qu'il ne vous est pas arrivé, le soir, dans la cam- pagne, d'entendre un son de flûte triste qui sort de quelque vieux mur ? Vous appliquez-vous à savoir quel gosier émet cette note si charmante, si musicale f

— Ma mère est auprès de moi... La bonté sur son front a la mélancolie de cette dernière lampe qu'on voit briller le soir à la plus haute fenêtre d'une maison, longtemps après que toutes les autres fenêtres se sont éteintes.

Et, ce qui constitue à proprement parler le romantisme, le

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