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NOTES 131

âmes exaltées ou meurtries qui chantent leur joie ou leur douleur, leur enthousiasme ou leur colère. Le lyrisme a sa vérité psychologique aussi, très profonde et très puissante. Cette vérité manque dans le Roi s'amuse. Sauf à de i^ares moments, excepté, de ci de là, quelques vers ou quelques phrases, les thèmes de développement sont pris dans le faux et dans l'in- vraisemblable. C'est un malheur dont la pièce ne se relèvera pas." J. S.

��Une pièce historique de M. Maurice de Faramond (Matinées d'avant-garde de l'Odéon).

M. Maurice de Faramond dont l'effort est toujours si neuf, si libéré d'habitudes scéniques conventionnelles, vient d'élargir encore le champ de ses essais, limités jusqu'ici à l'homme social moderne, en appliquant à un sujet d'histoire sa méthode lyrique de généralisation. A l'encontre de nos dramaturges de boulevard qui s'acharnent à perfectionner selon l'esthétique du succès, un thème donné une fois pour toutes, il renouvelle à chaque coup son ambition, il n'en a pas de plus grande que d'être " l'initiateur". N'eût-il pas tout-à-fait réussi aujourd'hui dans l'entreprise périlleuse de recréer un genre tombé en discrédit par la faute du romantisme, qu'il faudrait pourtant l'applaudir comme celui qui ouvre la voie, en souhaitant qu'il y persévère. Nulle anecdote subsidiaire, nul enchevê- trement de circonstances inventées, nulle intrigue. Le dérou- lement des faits de l'histoire rapportés à un personnage central. Comme dans la Noblesse de la Terre vers " la Terre ", comme vers " la Courtisane " dans la Dame qui n'est plus aux Camélias, ici, vers Diane de Poitiers, tous les caractères s'orientent ; ils n'existent qu'en fonction de la haine ou de l'amour qu'ils ont pour elle : le roi François, mourant, qui la désire ; le nouveau roi Henri qui la possède, et le dauphin François qui veut lui échapper ; ceux qui la redoutent, ceux qui la servent, ceux qui l'admirent. Il y a là l'ébauche de maints caractères, dessinés sobrement, marqués de quel-

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