Aller au contenu

Page:NRF 6.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

164 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tandis que les mœurs se désagrègent, la tragédie fait place au théâtre comique. Elle reprend après le premier Empire, pour subir à la fin du siècle un nouveau fléchissement.

Les dramaturges de race ont senti combien l'an- cien cas de conscience avait perdu de sa rigueur et qu'ils ne disposaient plus que d'une matière mallé- able, incapable de supporter quelque destin tragique que se soit. Ils ont cherché des compensations. Ils ont découvert ce que contiennent de fatalité les grandes forces sociales, les mortelles passions qui ne se heurtent plus à des forces contraires, mais qui à elles toutes seules remplissent le drame et dé- truisent le héros. Nous avons eu ces tragédies qui ne sont plus un conflit, mais une progression en ligne droite. Les Corbeaux de Becque en présentent l'exemple le plus admirable. C'est un monologue de la fatalité. Tout le théâtre dit social, qui oppose un ou deux individus aux forces énormes de la société et qui, toute proportion faisant défaut entre ces adversaires, ne peut que raconter l'écrasement du premier, tout ce théâtre, si admirable soit-il, offre des ressources qui se sont montrées limitées. Ce sont des déductions qui forcément font preuve d'inhumaine cruauté parce que l'homme y subit une fatalité sans contrepoids.

Les romans de Balzac avaient mathématique- ment appliqué cette formule. La recherche de VAb-

�� �