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LE LIVRE DE L EGLISE 221

SCÈNE TROISIÈME

SIMON, FRÈRE THADDÉE

(Pendant que les moines sortent, Simon reste immo- bile, les yeux baissés ; il rélève la tête au moment ou Frère Thaddée, le dernier, va passer le seuil, et l'arrête alors par la manche. Il fait signe que NON, avec un sourire.)

Simon. — Non. On ne me prend pas comme un enfant. Il y perdra plutôt ses forces, il ne réus- sira pas à m'entamer. Quelle naïveté ! Il est aussi naïf et aussi neuf qu'un prince héritier qui devient empereur ! Il croit m'avoir épouvanté, il s'imagine que je resterai par peur de lui. Mais je resterai, oui, mais parce que je veux bien, pour lui montrer que je ne suis pas dupe, et à cause, à cause de quelque chose qu'il ignore. — Regarde-moi ; je vais te confier un secret.

Frère Thaddée. — A moi, maître ? Vous ne me connaissez pas.

Simon. — Qu'a-t-on besoin de se connaître ? On est deux voyageurs qui se rencontrent après le coucher du soleil et qui vont dormir dans le coin d'une meule, et l'on se dit tout. Toi, Thaddée, si ton roi te venait voir au bout de ton labour et te demandait avec douceur nouvelles de ta santé, lui dirais-tu que ton frère est malade, que ta dernière

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