Page:NRF 6.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE LIVRE DE L*ÉGLISE 23 1

Le Père Supérieur. — On va vous conduire au réfectoire. Mais, dites-moi, vous n'êtes pas de ce pays-ci ? Vous êtes donc seul au monde ?

Le Pauvre. — Ma femme est morte comme j'étais de l'autre côté de la frontière.

Le Père Supérieur. — C'est bien. Allez.

Simon (brusquepient). — Non, ne sors pas ! Ecoute... Quand tu es rentré au village... la maison vide, n'est-ce pas : Toutes les portes ouvertes, l'horloge arrêtée, un vieux bout de cierge tombé au bas du lit .

Le Pauvre. — Oui. Elle n'avait point de parents de ce côté-là, elle est morte toute seule. Pense donc, on n'a même pas su me dire l'endroit où elle était enterrée ! Alors... comment expliquer ça ? Un insurmontable dégoût, comme à la messe lorsqu'on est fatigué et que le chant du petit orgue vous endort ; et puis tout d'un coup, après une semaine d'abrutissement et de larmes, je me suis senti aussi fort que le soleil ! Je suis revenu dans mon pays, aux bords de la Loire, et là j'ai trouvé à m'embaucher. Des ouvrages durs. Douze heures par jour, mal nourri. Bah ! je ne demandais pas mieux ! Dans les premiers temps, quand je me voyais travailler comme un furieux, je me disais que ça ne pouvait pas durer : eh bien, regarde donc, ça a duré tout de même...

Simon. — Tous les jours, toute la journée }

Le pauvre. — Bien sûr, de dix heures du

�� �