244 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
retrouverai Eglantine, avec ses cheveux coupés. Mais elle est si jeune encore ! Ils repousseront.
Il faut dire avec quelle précision, avec quel humour M. Dumur délimite ses personnages. Le pasteur Babel, Tante Bobette, M. Bibermaul, Mme Collignon vivent authentique- ment : de ce qu'ils sont dans les pages de ce livre, ils ont acquis le droit de vivre. Et ce petit Nicolas Pécolas est si sympathique ! Son désir, son envie de vivre, lui aussi, de ne plus respirer la fade poussière des Deux Testaments mal com- pris, mal interprétés, sont si grands, que je voudrais embrasser le cousin, le bon cousin Gobernard. Mais Tante Bobette n'est pas " caricaturée. " Elle aussi reste sympathique. M. Dumur l'a comprise. Il a compris ses raisons, qui ne sont des raisons que pour elle, mais indiscutables. Et c'est pour ne pas la faire mourir de chagrin que je vais lui dire que je me repens d'avoir embrassé Eglantine.
Henri Bachelin,
��LA BLESSURE MAL FERMEE, notes d'un voyageur en Alsace-Lorraine, par M. Georges Ducrocq (Pion et Nourrit).
Sans gonfler la voix, simplement, M. Georges Ducrocq nous parle de l'Alsace- Lorraine. De Metz à Wissembourg, à Colmar, à Mulhouse il a promené son regard avec clairvoyance et ten- dresse. Il sait peindre les paysages et faire rendre à sa pein- ture ; par des dessous discrètement voilés, tout l'efïet moral nécessaire. Sa conclusion, sourdement préparée, s'impose alors et ne détone point. — La question est trop complexe pour que nous nous permettions de la trancher. Y a-t-il lieu pourtant d'opposer si fortement l'Alsace à la Germanie? N'ap- paraît-il pas que l'Alsace est demeurée française, non peut- être surtout par consanguinité, mais par tradition, par choix de la plus belle tradition, la nôtre ? Si elle souffre encore d'être séparée de nous, ne souffrons- nous pas davantage d'être séparés d'elle, et de perdre ce sang germain, lîltré par notre civilisation, exalté par le voisinage de l'Allemagne, dont
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