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Page:NRF 6.djvu/27

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Servitude

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Je te regarde sans ennui,
Tu n’es certes pas un homme vulgaire,
Je te regarde sans envie,
Tu n’es pas non plus un héros.

Je te réserve du respect
Pour tes beaux actes inutiles,
Pour certains gestes que tu fis
Et qu'on aimerait avoir faits.

Tel est le jugement qu'en moi
J'ai formé, limpide et loin des paroles ;
Mais je dois maintenant causer,
Les mots traîtres me font horreur.

Comme des acteurs maladroits
Que l'odeur d’un public affole,
Comme des soldats mal conduits
Que l’ordre ne pénètre plus,
Les mots s’agitent et s’échappent
Et je ne les reconnais guère.

Ils sortent en foule et portent des choses
Trop lourdes pour eux et que j’ignorais,
Les uns sont gonflés et crèvent en route,
D’autres n’ont pas l’air d’avoir de destin.