278 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
étaient toujours accompagnés de blâme et de railleries. Il a pu fréquenter des hommes de génie, les voir dans l'inti- mité, avec leurs défauts, leurs faiblesses et leurs ridicules, sans oublier pour cela leur côté sublime. A cet égard, ses portraits de Lamb et de Hazlitt sont d'excellents mor- ceaux, que bien des critiques et des biographes modernes devraient prendre pour modèles.
Il y avait dans sa vie une histoire qui le suivit jusqu'au bout. Cela datait de l'année avant son mariage, de 1821 (il avait vingt-cinq ans). Il était témoin dans un duel entre gens de lettres. L'adversaire de son client tira en l'air. Les témoins auraient pu alors arrêter le combat ; mais par ignorance des usages, ils le laissèrent continuer. Le client de P. G. Patmore fut tué, et, par une de ces bizarres injustices si fréquentes dans le monde, P. G. Patmore porta tout le blâme. Du reste, ce petit scan- dale ne gêna en rien sa carrière sociale, et nous sommes heureux de constater que c'est là tout ce qu'on eut jamais à dire contre le père de Coventry Patmore.
Et c'est précisément dans son rôle de père que P. G. Patmore se montre le plus digne de notre admiration et de notre reconnaissance. L'homme assez intelligent et affiné pour sentir, et respecter, le génie chez des gens qu'il voyait tous les jours, sut aussi découvrir le génie chez son fils aîné. Dès lors il en fit son ami et son confident ; et lui évita, en le gardant près de lui, les inutiles souffrances de la séparation et de la vie de collège. Tandis qu'il aban- donnait ses autres enfants, George Morgan (né en 1825), Gurney Eugène (né en 1826) et Eliza Blanche (née en 1827) à la règle sévère d'une mère écossaise et puritaine, il prit Coventry sous sa direction, lui consacrant tous ses
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