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304 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��LES JOUJOUX

��Mon petit garçon dont les yeux ont un regard pensif et qui dans ses mouvements et ses paroles a les manières tranquilles d'une grande personne, ayant désobéi pour la septième fois à ma loi, je le battis et le renvoyai durement sans l'embrasser, sa mère qui était patiente étant morte. Puis, crai- gnant que son chagrin ne l'empêchât de dormir, j'allai le voir dans son lit, où je le trouvai profon- dément assoupi avec les paupières battues et les cils encore humides de son dernier sanglot. Et je l'embrassai, à la place de ses larmes laissant les miennes. Car sur une table tirée près de sa tête il avait rangé à portée de sa main une boîte de jetons et un galet à veines rouges, un morceau de verre arrondi trouvé sur la plage, une bouteille avec des campanules et deux sous français, dispo- sés bien soigneusement, pour consoler son triste cœur ! Et cette nuit-là quand je fis à Dieu ma prière je pleurai et je lui dis : " Ah, quand à la fin nous serons là couchés et le souffle suspendu, ne vous causant plus de fâcherie dans la mort, et que vous vous souviendrez de quels joujoux nous avons fait nos joies, et combien faiblement nous avons pris votre grand commandement de bonté,

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