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paysages de la trentième annee 345

Deuxième partie I

" Les paysages étaient comme un archet qui jouait sur mon âme". {Fie de Henri Brùlard).

Pavoisé, plein de musiques, le bateau baignait sa blancheur dans la houle saumâtre d'un estuaire

du Nord. Au-dessus de lui se tendait un ciel plus froid, plus implacablement quotidien qu'on n'eût roimé se l'avouer, et il y avait bien du courage dans

ette joie sur commande. J'essayais d'imaginer la

[solitude et les troids épais qui m'attendaient, tandis [que déjà le treuil qui enroule les chaînes d'ancre [cessait de grincer et que doucement le navire s'in- [clinait pour partir.

Il se tint d'abord à la lisière de l'océan, s'enfon- Içant fréquemment dans les énormes fentes d'un [rivage abrupt et tout déchiqueté. De lentes forces, [insinuées dans leurs masses, ont fait éclater des [falaises de plus de mille pieds, écartant verticale- Jment leurs parois depuis le sommet jusqu'à la Ibase. La mer s'est coulée au fond comme un

serpent repu dans une caverne. A milieu de ces

ténèbres glauques, le bateau trop gros et mala-

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