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422 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Cest toi qui dois f asseoir, car tu viens de si loin. Tu m^ arrives du fond de tes soixante années,

tu nf arrives du fond du temps.

Ce n'est pas moi qui suis entré :

moi, j'étais prêt à ta venue ;

tu ne prévoyais pas la mienne. Ta naissance est au bout de ce chemin qui monte. Du carrefour, je vois les arbres qui le bordent; je ne veux pas me tourner vers où il descend, car je regarde le beau pays d'oà il vient; mais je n'ai pas le temps d'y aller, et je passe... Il faut partir. C'est l'heure. Elle sonne au clocher, sans faire s'envoler les pigeons qui sommeillent. J'ai bu. D'un long regard je comprends ta maison, les tables, ces rideaux que ta fille broda, et ces vieux carafons de ton ménage, et mime les portraits, sans les avoir vus, qui sont en haut, dans la chambre, sur le dessus de la commode. Je me lève. Je pars. Je ne fai point parlé. Voici les quatre sous, et tu me dis : " Merci. Merci, Monsieur. "

Je ne détourne point la tête.

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