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RAINER MARIA RILKE 37

qui ne voulait pas être aimé. " Et parlant de la dédicace que Louise Labbé fit de ses odes à Clémence de Bourges : " elle lui prédit la douleur comme un univers plus spacieux. "

" Non pas la sympathie, Nathanaël: l'amour " ^, l'insondable allégresse de vivre, se révélant en une âme qui a su réaliser le prodige de prolonger jusque dans l'âge conscient la piété, la plénitude et la gravité de l'enfance.

C'est là ce qui donne au lyrisme de Rilke son accent unique, sa force, son importance. Peut-être faut-il rapporter ce trait si particulier à ses influences ou à ses origines slaves. Il fait fréquemment penser à Dostoïevsky dont il est loin pourtant par la nature de son talent comme par sa volonté d'artiste. Il a, à un haut degré, la faculté de contact avec la matérialité des choses qui manque au grand romancier russe. C'est au point qu'il donne l'im- pression de posséder quelque sens supplémentaire lui permettant des relations plus variées et plus intimes avec le monde des phénomènes. Son style très imagé prend presque toutes ses expressions dans des termes de mouvement. Les choses chez lui ne sont pas, elles deviennent et l'on pourrait dire qu'il a l'adjectif dynamique. Il obtient par là une adhérence si intime entre la pensée et la forme que celle-ci suggère l'idée d'une peau bien plus que d'un vêtement. Son invention verbale est sans

' Les Nourritures terrestres.

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