Page:NRF 6.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

477

��NOTES

��THÉÂTRE (Première Série), par Paul Claudel. — I. Tête d'Or (Première et seconde versions) — II. La Ville (Première et seconde versions). (Mercure de France).

A qui peut-être prétend encore — mais c'est une sottise qui s'en va — que la poésie est chose d'improvisation et, comme on dit, d'inspiration, il faut montrer ces deux livTes. On y voit comment un grand poète travaille, par quelle " longue patience " il obtient cette ampleur lyrique qui nous semble si spontanée. Ces drames, avant d'en connaître les premières versions, nous pensions qu'ils étaient nés tout armés comme Minerve, ces images, qu'elles étaient descendues dans l'esprit du poète entières, ainsi que des apparitions. Nous savons maintenant qu'il n'en est rien, que les drames de Claudel n'échappent pas à la loi de formation des chefs- d'œuvre, qui est la loi du travail, de la peine et de la lenteur.

��C'est ce que démontrent surtout les deux versions de Tête- dHOr. Elles sont plus instructives que celles de La Ville parce qu'elles se côtoient de plus près et, se ressemblant davantage, signalent mieux leurs difEérences, en font mieux comprendre la nature. Dans l'une et dans l'autre le plan général, les dimensions respectives des tirades et des répliques sont les mêmes ; c'est à des moments exactement symétriques que surgissent des péripéties correspondantes ; en un mot la forme du drame demeure sans changement. Toutes les modifications sont comme intérieures à cette forme et n'ont d'autre but que

�� �