LORD CHESTERFIELD 557
Philippe Stanhope visita ainsi Berlin, Leipzig et Dresde, étudiant et apprenant ; puis on l'envoya en Italie où il séjourna à Venise et à Rome avant d'aller se perfection- ner à la fameuse académie de Turin. Enfin, et comme une dernière touche au tableau, on lui fit visiter la France et on l'établit quelque temps à Paris. Puis Lord Chesterfield lui obtint un siège à la Chambre des Com- munes. Son début n'y fut guère brillant et son père préféra l'envoyer à Hambourg, espérant que dans un poste diplomatique secondaire et où il l'aiderait de sa propre expérience, on remarquerait moins son insuffisance. Mais malheureusement la santé du jeune homme était trop chancelante pour qu'on pût compter sur lui ; elle l'obligea à quitter le poste de Dresde où son père l'avait fait accréditer et, en 1768, au cours d'un voyage en France où il était allé consulter à MontpeHier, il mourut près d'Avignon. Sa mort apprit à Lord Chesterfield qu'il eût à se charger d'une Madame Eugenia Stanhope que Philippe avait ramassée on ne sait où, et de deux enfants. Le vieux lord fit mieux que son devoir, il reporta sur ses petits-enfants un peu de l'affection qu'il avait eue pour son fils et veilla tendrement sur eux. Il en fut récompensé comme il suit : dés que Lord Chesterfield fut mort en 1773, Mrs Eugenia Stanhope vendit, et pour une forte somme, à un libraire de Londres toutes les lettres confi- dentielles que son mari en avait reçues pendant qu'il voyageait.
Ce fut un scandale. Tous les ennemis de Chesterfield en prirent texte pour le honnir. " Sa Seigneurie ", disait le gros Dr Johnson, " enseigne à son fils les moeurs d'une courtisane et les manières d'un maître à danser ". On
�� �