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574 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

placés au-dessous... Ne vous trompez pas à croire que j'entende par les personnes placées au-dessus de vous celles qui ne le sont que par la naissance: c'est la dernière de mes pensées. J'entends leur mérite particulier et le point de vue sous lequel le monde les considère. Il y a deux sortes de bonnes compagnies : l'une que l'on appelle le beau monde, qui donne le ton à la cour, au plaisir, à la vie élégante. L'autre est composée de gens qui se distinguent par quelque mérite personnel ou qui excellent dans quelque art ou dans quelque science utile. Pour ma part, je me croyais toujours en com- pagnie fort au-dessus de moi, lorsque je me trou- vais avec M. Addison et M. Pope, tout autant qu'avec les premiers princes de l'Europe.

Ce que j'entends par compagnie de bas étage, que vous devez absolument éviter, ce sont les gens tout-à-fait insignifiants ou méprisables par eux-mêmes, qui se croient honorés de votre com- pagnie et qui flattent chaque vice et chaque travers que vous avez pour vous engager plus avant dans leur commerce. La vanité d'être le premier d'une compagnie n'est que trop commune, mais elle est aussi très ridicule et très pernicieuse. Rien au monde n'avilit plus un caractère que d'y être porté. {Lettre XCVI — 9 octobre 1747).

Traitez les autres comme vous voudriez qu'ils vous traitassent, je ne connais pas pour plaire de

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