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Page:NRF 6.djvu/658

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652 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Poèmes en prose à la Femme de peu d'importance (en exceptant à peine : Intentions) j'oserai même dire que la qualité ou l'intérêt de ses contes et de ses comédies, que la valeur des boutades et des apho- rismes de son dialogue, est presque toujours en raison directe de la quantité de secret qu'il y a pu faire tenir.

Mais l'art, selon Wilde, ne commençait qu'avec la transposition, et disons même : l'hypocrisie (je n'attache ici aucune défaveur à ce mot). Ce n'est pas d'occuper de moi que reprochait Wilde à mes livres, mais bien de m'y montrer sans masque — tant il attachait de prix à la feinte, et tant la nature de son secret, tant la contrainte des mœurs lui rendait celle- ci nécessaire. N'est-ce point là ce qui fait de l'art de Wilde la plus curieuse et spécieuse, la plus intéres- sante mais aussi la plus factice parure qui soit.

Ce mot est à rapprocher de cet autre, que je rap- portais dans le même écrit : " Je n'aime pas vos lèvres: elles sont droites comme celles de quelqu'un qui dit toujours la vérité. Je veux vous apprendre à mentir, afin que vous ayez de belles lèvres tordues comme celles du masque antique ".

L'art de Wilde est né du besoin de cacher. Et si l'art, dans son œuvre, cesse de m' intéresser dès que Wilde cesse d'y transparaître, il cessait, lui, de s'in- téresser à l'art dès que celui-ci prétendait exprimer directement la réalité — qu'elle fiit extérieure ou intime.

Mais on n'est pas encore prêt à revenir de cette

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