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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 693

d'alcool que d'abord je lui verse a plus vite fait de le soulager que mon pansement au permanganate. Un autre patient lui succède, inconnu surgi brusquement de la brousse. Sans mot dire, il soulève sa chamma, me montre son dos couvert de dégoûtantes granulations syphilitiques, ou du moins je le suppose. Son infirmité passe ma com- pétence. Je lui délivre un tube de vaseline pour se fric- tionner quand ça le démange et une fiole de sublimé à appliquer en compresses. J'ai la loyauté toutefois de Tavertir que seul le " Hakim " d'Addis-Abeba pourra le guérir. Ensuite, c'est le maître nagadi qui s'introduit. Un de ses hommes a une plaie à la cheville et il y a aussi une mule qui boite. Je lui propose ma solution de sublimé, mais il refuse. Il n'a pas confiance dans cet antiseptique qui ressemble à l'eau claire : il veut du " truc " rouge, celui que j'ai donné au blessé. Je ne sourcille pas au mot qu'il emploie : r ux yeux de l'abyssin, tout est " truc " dont la vertu secrète, le mécanisme ou la destination lui échappe. " Dieu a donné l'intelligence aux Ethiopiens, me disait l'un deux, un jour ; il a donné les " trucs " aux Frengi." — Je me hâte, enfin, de mettre un terme à la consultation : tous mes gens y passeraient pour le plaisir de recevoir quelque drogue tirée de la boîte de pharmacie et dont, au surplus, ils se garderaient bien de faire usage.

Après la sieste, et sans trop d'espoir d'y lever quelque chose, je m'enfonce sous les arbres qui nous entourent et d'abord, suis la pente de la colline, dans la direction des montagnes que bleuit le soleil adouci de quatre heures. Lièvres nombreux qui filent entre mes jambes, mais ont

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