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CONSEILS A MON FILS 7I9

du poste où elles le trouvèrent, il était page de la Reine, épouse de Jacques II. Les grâces se chargè- rent alors de sa fortune et de son élévation. Pen- dant qu'il était enseigne aux gardes, la duchesse de Cleveland, pour lors maîtresse favorite de Charles II, frappée par les grâces du jeune homme, lui donna cinq mille livres sterling, il en acheta immédiatement de mon grand-père Halifax une annuité à vie de cinq cents livres : tel fut le com- mencement de sa fortune. Sa figure était parfaite- ment belle, mais ses manières avaient un pouvoir auquel ni les hommes ni les femmes ne pouvaient résister. Ce fut par cette séduction qu'il parvint, durant toute la guerre qu'il conduisit, à tenir unies les puissances qui formaient la grande alliance et à les retenir toutes au but principal de la guerre, malgré leurs vues secrètes, leurs jalousies et leurs prétentions rivales. En quelque cour qu'il se pré- sentât, ce qui lui arriva souvent pour stimuler les récalcitrants, il l'emporta constamment et les amena toujours à approuver ses mesures. Le pensionnaire Heinsius, un vénérable vieux ministre, blanchi dans les affaires et qui, pendant plus de quarante ans, avait gouverné la république des Provinces-Unies, Heinsius était absolument gouverné par le duc de Marlborough, et cette république s'en ressent encore aujourd'hui. Il était toujours de sang-froid et personne n'a jamais surpris la moindre altération sur son visage. Il avait le talent de refuser avec

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