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Page:NRF 6.djvu/805

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inventer l’ogive, qui n’est qu’un expédient de maçon auquel nos yeux se sont habitués. "

Ils parlaient ainsi en suivant des chemins forestiers. Ils entrèrent sous une haute futaie. Les troncs montaient d’un seul jet vers la lumière ; à peu près à la même hauteur, ils lançaient des branches que la lumière tirait vers le haut et que la pesanteur courbait un peu. Ces branches s’entrecoupaient en formant des ogives ; les brindilles dessinaient des rosaces à travers lesquelles on voyait un peu de ciel ici et là. La terre était nue et sonore ; une ombre fraîche flottait sur la terre. Leur voix courait d’arbre en arbre comme si les dieux silvains s’étaient enfuis. Vers le couchant on apercevait des lumières rouges et violettes. Ils s’arrêtèrent. Le peuple des arbres qui marchait avec eux s’arrêta aussi. Un flot d’images qui s’élevait retomba sur eux. Ils se turent. Aucun d’eux ne trouva un hymne qui fût digne du temple. "

Gaston Gallimard.


MONSIEUR DES LOURDINES, histoire d’un gentil-homme campagnard, 1840, par Alphonse de Châteaubriant (Bernard Grasset).

En voyant cette date de 1840 inscrite sous le titre du livre : Monsieur des Lourdines, l’on se défie tout d’abord comme d’un détail qui va bien un peu trop situer l’ouvrage ; l’on appréhende tout le facile parti que l’auteur va pouvoir tirer des diligences, des cravates amples, des habits à basque et des cannes à pomme d’or du temps de MM. de Balzac et de Musset ; mais, le bon parfum de nature, la savoureuse sève circulant à toute page dont on reçoit les effluves dès l’abord, éloignent bien vite cette crainte toute littéraire.

Où donc ai-je lu, dans les Mémoires d’un touriste je pense, ces mots tracés par Stendhal, en 1837, au cours d’un voyage que