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Page:NRF 7.djvu/1016

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lOIO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le Dimanche, après la grand'messe, on eut la visite de Lucienne. Elle embrassa tout le monde depuis la mère Catherine jusqu'au Louis qui trouva qu'autrefois elle avait les joues aussi fraîches, mais moins parfumées.

— Et M. Frébault ? demanda-t-elle un peu cérémo- nieuse — mais ce ne serait pas la peine d'être restée trois ans à Paris, — il n'est donc pas ici ?

— Il a dû aller en ville se faire raser, mais il ne tardera pas à rentrer, dit M""' Frébault qui n'était pas encore tout-à-fait remise de l'algarade de vendredi.

Certes, Lucienne était bien habillée, Lucienne sentait bon, mais elle avait conservé sa figure honnête, on s'en apercevait tout de suite. C'est que l'on voit partir de nos pays des jeunes filles qui ont vite fait de mal tourner à Paris !

— Et tes maîtres, lui demanda M"**^ Frébault, tu en es contente ?

— Certainement ! répondit-elle sans aucun embarras. Ils ne me rendent pas malheureuse. J'ai beaucoup d'ouvrage, mais j'y suis habituée. Je pourrais sortir un dimanche sur deux, mais qu'est-ce que je ferais dehors ? Alors, presque toujours, je reste dans ma chambre.

— Tu as raison, dit M*"^ Frébault. Avec de la bonne conduite, on arrive toujours à ce que l'on veut.

A ce moment, Juliette, après avoir frappé, par politesse, à la porte mi-ouverte, entra. Le Louis la vit, devint tout pâle. Elle entrait chez les Frébault comme chez tout le monde, parce qu'entre soi, dans un même quartier, on ne perd pas son temps à faire des manières, mais beaucoup moins souvent qu'ailleurs quand M*"* Frébault y était. Elle alla tout de suite à Jyucienne, l'embrassa. Le Louis

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