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Page:NRF 7.djvu/155

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DANIEL DE FOE I49

tement vient la nuit lourde ; la flamme de la mauvaise chandelle tourne autour de toi et fait trembler ton ombre géante sur le mur au-dessus du comptoir. Il y a longtemps, depuis le dîner hâtif, que Suzanne et les enfants se sont retirés ; ils sommeillent maintenant dans la chambre voi- sine ! Ah ! ce souffle court, doux et régulier ! Voilà qui pourrait rythmer tes heures, apaiser le tourment dont tu souffres, de Fofi. Mais quoi ? N'écris-tu pas des mots irréparables ? Et ces Stuarts que tu hais, ce Charles II dont tu exècres la mémoire ! Et York, Jacques duc d'York, le nouveau roi ! Voilà d'infâmes drôles. Tant que leurs noms, penses-tu, ne seront pas efllàcés des ' mémoires, il y aura toujours la peste dans Londres. Uannus mirabilis qui a fait verser au vieux Drj^den des pleurs de sang, l'année de peste et d'incendie, continuera de peser sur le monde. Et voilà, voilà qui est une étrange chose ! Tandis que tu écris dans le silence et dans la nuit, tandis qu'au dehors îules — les façades des tavernes brillent sous d opaque comme les flammes d'un punch, la serrure de la porte a grincé lentement, jetant comme une plainte aigre au fond de la nuit et du silence ; la porte, non loin de toi, s'est ouverte sur la rue ; il est entré des hommes avec des mousquets et des épées ; plusieurs ont des casques et des masques. Tous parlent à voix basse. Ils ne sont pas cette fois, disent-ils, envoyés au nom du

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