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Page:NRF 7.djvu/376

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370 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Mais toi, prends-la, Violaine ! Tiens, prends-la, tu vois, je te la donne.

VIOLAINE. — Que veux-tu que je fasse, Mara ?

MARA. — Ce que je veux que tu fasses . ne m'entends-tu pas ?

Je te dis qu'elle est morte ! je te dis qu'elle est morte !

VIOLAINE. — Son âme vit en Dieu. Elle suit l'Agneau. Elle est avec les bienheureuses petites filles.

MARA. — Mais elle est morte pour moi !

VIOLAINE. — Tu me donnes bien son corps! donne le reste à Dieu.

MARA. — Non ! non ! non ! tu ne me don- neras point le change avec tes paroles de béguine ! Non, je ne me laisserai point apaiser.

Ce lait qui me cuit aux seins, il crie vers Dieu comme le sang d'Abel !

Est-ce que j'ai cinquante enfants à m'arracher du corps ? est-ce que j'ai cinquante âmes à m'ar- racher de la mienne ?

Est-ce que tu sais ce que c'est que de se dé- chirer en deux et de mettre au dehors ce petit être qui crie ?

Et la sage-femme m'a dit que je n'enfanterais plus.

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