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LA FÊTE ARABE 439

récit de ce qui s'était passé le matin. Le juge me demanda ensuite si j'avais quelque chose à dire. Pressé d'en finir au plus vite, je lui répondis qu'en eflfet les choses s'étaient ainsi passées.

Il prit alors la parole :

" Monsieur, me dit-il à peu près, comment un Français tel que vous, un homme évidemment instruit, a-t-il pu commettre un acte qu'on pourrait à peine excuser chez un Arabe ignorant ? Vous ne savez donc pas au prix de quels efforts ces peupliers, que vous cassez, ont poussé sur ces rives, où l'on ne voyait autrefois qu'une végétation sauvage ? Ignorez-vous que ces arbres utiles transformeront bientôt ces déserts, qu*un joxir ils couvriront les collines, et retenant l'eau par leurs racines, attirant les nuages par leurs cimes, ils modifieront le climat et l'aspect de tout le pays ?... "

En passant, il rendit hommage à tous les vaillants colons, de quelque nationalité qu'ils fussent, qui se vouaient à cette grande œuvre, le reboisement du désert, et qui concouraient tous, — je pourrais l'aller dire en France, — à civiliser l'Algérie. " Rentrez en vous-même, conclut-il ; sentez l'inconvenance de l'acte que vous avez commis, que ce soit là votre vraie punition. Mais pour l'exemple, devant les Arabes restés encore dans ce pays, je me vois, à mon grand regret, obligé de vous condamner à quinze francs d'amende. "

Il se tut.

Un murmure approbateur accueillit sa péroraison, et je crois bien que, n'eût été la majesté du lieu, tout le monde aurait applaudi.

Pour moi, le cas de ce bavard m'intéressait à cette

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