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CHRONIQUE DE CAERDAL 839

le rendent suspect, ou même qui le difFament, à la Talleyrand. Un homme à se faire aussi mal juger des autres, que le sage, prenant le frais sur sa terrasse au bord de la mer, est mal jugé d'Eole et des vents en fureur, voire de Neptune.

La sainteté seule lui échappe entièrement. C'est pourquoi, il l'abaisse en y pensant : il la prend en dédaigneuse compassion ; il s'en moque, parfois gravement ; il en fait une folie ; et, à son insu, c'est à fin qu'il la méprise. Ici, se montre la préférence. Le mépris précède le jugement, et la mesure même de l'objet qu'on juge. Une forte pensée a besoin d'abaisser ce qu'elle veut mépriser en conscience.

L'esprit peut tout railler, et se déprendre de tout, mais non de l'esprit même, et du plaisir qu'il y trouve.

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��Le plaisir de comprendre est proprement celui d'une conversation avec la vie. On s'oublie bientôt soi même, en tant que l'on cause et qu'on inter- roge. On s'écoute parler, sans souvenir de soi. L'ivresse de l'opium part du même principe, et cette suprême légèreté qu'elle procure, ce sentiment d'une intelligence aérienne qui se joue au dessus des événements, au dessus des objets et de la sensation même. Mais si l'intelligence n'a pas

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