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Page:NRF 7.djvu/937

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On le compare à Chateaubriand ; mais c’est Chateaubriand qu’il faut comparer à Jean-Jacques. L’un et l’autre, de tout ce qu’ils ont produit, il ne reste qu’un livre. Et ce livre est l’homme même, chacun de sa propre main. Mais je doute que Chateaubriand eût jamais été ce qu’il est, sans Jean-Jacques. Il n’eût pas écrit les Mémoires d’outre tombe, s’il n'avait lu les Confessions, du temps qu’elles parurent. L’imitation est partout, et même dans le contraste. Tout est ingénu dans Jean-Jacques ; tout est concerté dans Chateaubriand. Celui-ci se compose sur un modèle, qu’il veut faire oublier. Et l’autre invente.

Chateaubriand est le fils de Jean-Jacques, comme si sa grande dame de mère eût été violée par ce musicien d’aventure, quelque trouvère enivré, un soir d’orage et de rouge crépuscule, au bord d’un étang mélancolique, sous un couvert de chênes frémissants. Qui parle de laquais ? Ici, l’honneur est pour elle, et il n’est pas dit que le plaisir fût pour lui.

L’immense différence de Chateaubriand à Jean-Jacques est justement de l’amour. Or, l’amour est la valeur positive entre toutes. Chateaubriand est toute négation.

Chateaubriand est un Rousseau qui nie : parce