956 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
pour l'enchantement d'un baiser de vous ! Mais non ; je dois vivre d'espoir et de chance. — Quand le pire arriverait, je vous aimerais encore, — mais quelle haine j'aurais pour un autre ! Quelques lignes, lues dernièrement, tintent sans trêve à mes oreilles :
Voir ces yeux qui me sont plus chers que les miens
Darder leurs faveurs sur un autre —
Et par un autre que moi, voir presser
Ces douces lèvres (receleuses d'un nectar immortel),
Pense, Francesca ! pense à cette chose.
Maudite au delà de toute expression ! ^
Ecrivez-moi immédiatement. 11 n'y a pas de bureau de poste ici ; il faut adresser votre lettre " Post office. Newport. Isle of Wight ". Je sais qu'avant que la nuit soit venue, je me maudirai de vous avoir envoyé une lettre aussi froide ; pourtant, mieux vaut, autant que possible, écrire de sang-froid. Soyez aussi bonne que vous le permettra la distance, à
votre
J. Keats.
To see those eyes I prize above mine own Dart favors on another —
And those sweet lips (yielding immortal nectar) Be gently press'd by any but myself — Think, think Francesca, what a cursed thing It were beyond expression !
J-
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