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Page:NRF 8.djvu/1001

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DE LA FOI 993

écarte les autres sentiments au milieu desquels il est apparu ; il veut vivre ; il faut que je lui cède ; par sa seule existence il est maître de moi. O pleines journées passées sur une rancune, à la voir germer, fleurir, épier ! Elle commence le matin ; et tout le jour elle monte, elle croît, comme la marée, de partout ; elle a ses retours et ses accidents, toutes les vicissitudes d'une chose qui se passe ; je suis porté sur elle, et, comme un marin dans sa barque à la dérive, je ne pense plus qu'à considérer les formations des vagues autour de moi. Lourde, mais voluptueuse navigation. Il faudrait pourtant penser à me gouverner un peu. Ou, si je m'abandonne à ce flot, du moins il faudrait souhaiter d'y échapper bientôt. Mais comment ? Dites-le moi. Comment s'y prendre pour en avoir assez ? je ne sais par où aborder à ce reniement de moi-même. Une seule pensée en moi : que va-t-il se produire encore ? Comment ça va-t-il finir ?

C'est la passion de la connaissance qui m'anime, la seule qui soit vraiment impie. La science n'est dangereuse pour la religion, que lorsqu'elle est la science de soi. L'esprit de science : ce souffle sans amour, ce conseil brûlant : " Apprends de toi tout ce qu'on en peut savoir ! " De chaque jour qui se lève j'attends non pas qu'il me rapproche de la perfection, mais qu'il me révèle de moi quelque

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