Page:NRF 8.djvu/1062

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I054 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

volontiers la sienne ! — Je le crois ; et moi aussi. Mais attendez qu'il vous le dise.

��Il se trouve que l'hypocrisie est le seul courage des juges, comme le repentir est la seule faiblesse des violents que les juges condamnent. A peser ce que vaut la morale des anarchistes vieillis en juges et devenus académiciens, il faut convenir que la seule dignité des anarchistes devenus bri- gands, est d'être sans morale : ils font la guerre. Du moins, ils ne font pas de politique.

Au bout du compte, dans la ruine de la morale, il ne demeure qu'un principe : ne pas mentir. Etre vrai avec soi-même, et l'être avec les autres : qui est le grand courage. La morale, si ce mot a un sens, n'est que la projection de l'individu. Mentir, c'est ne pas être. D'où vient que tant de gens moralisent et qu'ils mentent. Les pires de tous : ils mentent devant leur miroir.

On dit : la fureur des lieux bas est déchaînée. De quelle force la brute ne dispose-t-elle pas, quand elle est armée d'audace ? Le mal a-t-il donc une puissance égale au bien, ou même que le bien n'a pas ? Six malfaiteurs ont manié toutes les forces sociales, au cours de leurs forfaits : ils se sont joués de la société, ils en ont fait ce qu'ils ont

�� �