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LA LITTÉRATURE IO67

littéraires (je ne sais pas de tragique plus haut ni plus pur), c'est que ces transformations de l'homme ne sont peut-être que la matière et le moyen de cela qui le dépasse, de cela pourquoi il est mis au monde, du stj-le, qui veut être.

Comme tous deux appartiennent à un même ordre, la comparaison est permise et fructueuse. C'était autrefois un exercice habituel que de comparer le lever du soleil dans Bossuet et dans Rousseau, deux morceaux d'ailleurs assez secondaires. Serait-il trop scolastique de rapprocher celui de l'Itinéraire sur l'Acropole et celui de Salammbô sur Carthage ?

Voici le premier :

    • J'ai vu du haut de l'Acropolis le soleil se lever entre les

deux cimes du mont Hymette. Les corneilles qui nichent autour de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet, planaient au-dessus de nous ; leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rose par les premiers reflets du jour ; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l'ombre le long des flancs de l'Hymette, et annonçaient les parcs ou les chalets des abeilles ; Athènes, l'Acropolis et les débris du Parthénon se coloraient des plus belles teintes de la fleur du pêcher ; les sculptures de Phidias, frappées horizontalement d'un rayon d'or, s'animaient et semblaient se mouvoir sur le marbre par la mobilité des ombres du relief ; au loin la mer et le Pirée étaient tout blancs de lumière ; et la citadelle de Corinthe, renvoyant l'éclat du jour nouveau, brillait sur l'horizon du couchant, comme un rocher de pourpre et de feu."

Et le second :

" Mais une barre lumineuse s'éleva du côté de l'Orient. A gauche, tout en bas, les canaux de Megara commençaient à rayer de leurs sinuosités blanches les verdures des jardins. Les toits coniques des temples heptagones, les escaliers, les terrasses, les remparts, peu à peu se découpaient sur la pâleur de l'aube ; et tout autour de la péninsule carthaginoise, une ceinture

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