tères. Un grand seigneur à Versailles n’a presque plus rien de commun avec Joinville sous la tente de saint Louis. Et pourtant, sans Joinville et saint Louis, on n’aurait point connu la majesté pompeuse de Louis XIV, ni la grâce princière, ni l’élégance et l’esprit supérieur des ducs et pairs. L’honneur seul demeure : l’honneur, la seule tradition toujours vivante. Ce fut une beauté, et c’en est une autre. Il faut se donner l’avantage de les admirer toutes deux, quelle que soit des deux celle que l’on préfère.
Cependant, la Marne coule au large des blonds coteaux, et tous les fonds sont frémissants de tendres et sensibles peupliers. La riante vallée est heureuse de ses vignes : terre meuble, aux assises de roc, non pas de craie ; et la belle pierre abonde à Chevillon, qui fut à Joinville. Les croupes rondes et les bois se mirent dans la rivière. Le canal étale sa glace d’eau, où chuchotent les feuilles. Là vivait Joinville. Longtemps après la mort du roi, il voyait saint Louis dans ses songes. Le roi, de visage merveilleusement gai, visitait le bon Sénéchal en son château. Et même le roi lui dit : " Je ne bé mie si tost à partir de ci. " En vertu de quoi Joinville l’héberge dévotement en sa chapelle, et lui consacre un autel. O vieil homme, je ne le