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Page:NRF 8.djvu/17

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LA CONQUE d'or I I

tuée accoutrée de pourpre, sous les traits de laquelle l'Apocalypse leur représentait l'Eglise de Rome.

Ne serait-ce pas l'instant et le lieu de me demander ce que je peux avoir de commun avec ces grands entêtés de qui je descends, après tout ? A quoi bon pourtant reprendre une querelle éteinte, et de laquelle il faut bien que je m'avoue détaché ? Toute une école moderne, qui, par ailleurs, n'est pas dépourvue de mérites, s'est donné pour tâche de maudire, avec une persévé- rance bien fatigante, les chefs de la Croisade albigeoise. Ces imprécations sont un peu déclama- toires et vaines. L'Italie contemporaine va-t-elle s'exalter à froid sur les Guelfes et les Gibelins ? A parler franc, c'est plutôt vers Montfort et ses compagnons que je penche. Quand je lis Ronsard, je me délecte, pourrai s-je dire, à son contact, tant il entre de volupté presque physique dans le goût de cette poésie dont tous les alliages se confondent dans une fleur unique d'humanisme, et où notre langue et notre prosodie ont osé plus loin que jamais. Néanmoins, il m'est permis de remercier Malherbe d'avoir canalisé le mètre français, et d'en avoir fait la plus haute forme de la raison classique. Ainsi, je puis m'attendrir à part moi sur mes pitoyables aïeux, sur tant d'héroïsme et de vertu sacrifiés, et garder toute ma gratitude aux rudes vainqueurs qui vinrent imprimer la dureté

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