Aller au contenu

Page:NRF 8.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE THÉÂTRE I7I

Que n'es- tu pas occupé Du matin au soir à faire Résonner comme naguère Un roseau par toi coupé I...

Mais quelque soit l'éclat de ces morceaux, ils ne peuvent nous faire oublier qu'un instant le morne inintérêt de tout le reste. Aussi quelle reconnaissance on porte à Jules Renard pour l'amère et salubre diversion qu'il procure ! Quel bon goût a son vin du Morvan après une ambroisie si éventée ! Que d'émotion dans ce petit drame ! Un critique chagrin a refusé d'en rendre compte sous prétexte que la pièce est une insulte à la famille française. Et quand même il n'y aurait dans toute la France qu'une seule famille Lepic ? Exigeons-nous, pour admirer Wuthering Heights, qu'il y ait en Ecosse beaucoup de fermes aussi sauvages ? Or non seulement il existe un grand nombre de familles divisées comme l'est celle de Poil de Carotte et travaillées du même drame silencieux, mais la souffrance qu'éprouve M. Lepic de ses désaccords conjugaux et le besoin de tendresse qui tourmente son fils sont autant d'hommages à l'affection familiale, plus respectueux, mieux sentis, plus directs que les solennels plaidoyers de M. Bourget.

��Pour des raisons d'opportunité, M. Max Reinhardt a voulu se faire connaître à Paris par le spectacle le plus internationale- ment intelligible : une pantomime tirée d'un conte des Mille et une Nuits où se mêlent les clowneries, les défilés, les danses, les épisodes dramatiques, une musique d'exposition universelle, des invitations à la volupté que comprennent les hommes de toutes les latitudes et une science de la mimique qui peut les toucher par dessus toutes les barrières du langage. Un tel choix éludait presque tous les obstacles qu'eût rencontrés une repré-

�� �