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LETTRES A FANNY BRAWNE 27 1

j'aimerais mourir ! — Je suis excédé de ce monde auquel vous souriez. Je hais les hommes et les femmes plus encore. Je n'entrevois dans l'avenir que des épines ; où que je sois, l'hiver prochain, en Italie ou nulle part, Brown sera auprès de vous, avec ses inconvenances. — Je ne vois aucune perspective de repos. — Supposez que je sois à Rome... Eh bien ! je vous verrais, comme dans une lanterne magique, aller et venir par la ville, à toute heure. Je voudrais que vous puissiez m'infuser dans le cœur un peu de con- fiance en l'humaine nature. Je ne puis en éprouver aucune ; la vie m'est trop brutale ; je suis heureux qu'il existe une chose comme la tombe. Je sais que je n'aurai jamais de repos que là. En tous cas, je me donnerai d'ici-là la satisfaction de ne plus jamais voir Dilke, ni Brown, ni aucun de leurs amis. Je voudrais être dans vos bras et plein de foi ; et je voudrais tout autant être frappé de la foudre.

Dieu vous bénisse !

John Keats.

(Trad. Marie-Louyse des Garets.)

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