Page:NRF 8.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

3l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

un revenu d'un quart de million de pesetas, et la langou- reuse bienveillance d'innombrables mantilles. Chaque moment vous laissait plus vieux et moins souple, chaque moment vous rapprochait davantage du moment où les jeunes gens répondraient à leurs aînés tremblotants :

  • ' Jos Myatt, qui c'était ? "

Je fus aussi exaspéré par la gaucherie avec laquelle le registre, l'encre et la plume furent rangés, que je l'avais été par la gaucherie avec laquelle ces objets avaient été sortis. Ensuite Jos, toujours trop grand pour la chambre, traversa le plancher carrelé et arrangea le feu. Il maniait mieux un tisonnier qu'un porte-plume. Il regarda autour de lui, incertain et inquiet, puis il alla doucement vers la porte qui était au pied de l'escalier, et il écouta. On n'entendait aucun bruit, et c'était bien étrange. La femme qui était en train de mettre au monde l'enfant du héros ne poussait nul cri assez fort pour que nous pussions l'entendre d'en bas. Une ou deux fois j'avais entendu des mouvements assourdis, pas tout à fait au-dessus de nous quelque part en haut, — mais rien d'autre. Le docteur et la sœur de Jos semblaient s'être retirés dans un mystère dangereux et de mauvaise augure. Je ne pouvais m'em- pêcher d'imaginer les choses qu'ils regardaient et les choses qu'ils faisaient. La maladresse énorme, cruelle et tâtonnante de la Nature, son manque de majesté dans des -circonstances qui devraient être solennelles, son incurable manque de dignité, me dégoûtaient, provoquaient mon •dédain. J'avais besoin, en ma qualité de philosophe nourri •de toutes les cultures, de sentir que la circonstance actuelle était en vérité solennelle et devait être considérée ■comme telle par un homme supérieur. Mais je ne le

�� �