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330 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Voir et être tout à ce qu'on voit : tel est le don de l'enfant, et de ces regards qui mirent unique- ment, moins solides que l'eau. Devant la danse, comme il ne pense pas, l'homme se livre : le mouvement le saisit et l'emporte. La volupté de tous les sens le ravit à la contemplation de soi- même, qui est la volupté intérieure et le jeu cruel de la connaissance. La belle danse délivre, parce qu'elle soustrait l'homme à sa nécessité propre. Il prend part au spectacle sans réticence ; il ny mêle plus cette réflexion, ce souci de savoir qui l'en distingue. Plus de retour sur soi-même, enfin. La belle danse est une frise sur l'abîme. Ne mesurant plus les précipices du vide, ne cherchant même plus à en fuir l'insondable horreur ni les ténèbres, la volupté de l'homme qui contemple la danse, candidement se pose sur la frise, comme l'hirondelle du matin sur les cavaliers duParthénon, quand elle joue, suspendue, avec les rayons irisés de l'aurore.

§

La marche et le double temps de la respiration sont les fondements du rhythme.

La danse est une marche enivrée. En elle, l'orgie respire et marque les temps. Plus que la musique, la danse est le nombre incarné.

Le rhythme mène tout, comme on dit. Mais le plaisir, ici, mène le rhythme : il le règle. La danse

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