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CHRONIQUE DE CAERDAL 337

l'âme des artistes. La seule beauté l'occupe, plus voluptueuse que toute volupté.

Le plus bel amour est le plus stérile, dans ce paradis de la fumée. Ou plutôt, l'amour est si profondément lui même et lui seul, qu'il épuise en passion toute sa fécondité. O beau rêve, léger comme la fleur de l'immense et vaine nature. Léger comme la rose du soleil, qui elle aussi n'a qu'un jour ; léger comme le parfum de la rose qui expire. Les racines sont coupées au grand mensonge des choses réelles. Les rayons sont plus vrais que la source lumineuse. La danse des formes parfaites est l'unique réalité.

L'artiste en jouit comme d'un baiser, s'il lui fallait soudain mourir et qu'il dût goûter toutes les joies en une seule. Tout est fait pour lui, à cette heure. Rien ne sépare cette danse du bal, là haut, des sublimes étoiles. La création lui est offerte, qui se balance sur une tige. Le triomphe du moi est complet. L'art est bien une vie supé- rieure, et la consolation suprême de la connaissance. Et ceux même qui ne savent pas, leur instinct se console au même prestige. Ce soir là, je regardais les jeunes femmes, les jeunes filles et les hommes : tous avaient leur visage d'amants heureux.

§

Dans la belle danse, le mouvement est créateur

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