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Page:NRF 8.djvu/415

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MIGUEL MANARA 4O9

DON MIGUEL. — Vous aimez les fleurs,

Girolame ? Et je n'en vois jamais ni en vos cheveux, ni à vos atours.

GIROLAME. — C'est à cause que je n'aime pas

les filles qui font des fleurs une parure comme de soie, ou de blonde,

ou de plume colorée. Je ne mets jamais de fleurs dans mes cheveux (ils sont assez beaux sans cela, Dieu merci !) Les fleurs sont de belles vivantes qu'il faut laisser

vivre et respirer l'air du soleil et de la lune. Je ne cueille jamais de

fleurs. On peut très bien aimer, en ce monde où nous

sommes, sans avoir tout de suite envie de tuer son bel

amour, ou de l'emprisonner dans du verre, ou bien,

(comme on fait de l'oiseau,) dans une cage où l'eau n'a plus le goût de l'eau, où la graine d'été n'a plus le goût de la graine.

DON MIGUEL. — Est-ce donc que tout est miel, et rosée, et baume de tendresse en vous,

Girolame . Est-ce donc qu'il n'est pas de lieu obscur en votre cœur }

Vous ne vous mettez jamais en colère ?

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