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440 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

travers des brumes mystiques, soit que son instinct d'homme heureux l'ait, sans qu'il s'en doutât, écarté de la voie où il avait failli s'engager, Maeterlinck, un instant incertain entre Ruysbroeck l'Admirable et Marc-Aurèle, opte délibérément, dès 1898, pour l'empereur philosophe, et délaisse l'inspiration mystique pour un rationalisme agnos- tique.

La délaisse-t-il ? Pas tout-à-fait. Car — André Gide le remarquait après la publication de La Sa- gesse et la Destinée — Maeterlinck est resté l'esclave de son premier livre. " Il a voulu demeurer fidèle à ce qu'il y disait si bien, relier au moi nouveau l'ancien. Etrange mariage de l'individualisme et de l'humilité. " Etrange mariage, en vérité, et dont ceux qui prisent avant tout la loyauté intellectuelle ne peuvent pas s'empêcher d'être choqués. Il a fallu pour qu'il fût consommé que notre auteur usât de toutes les ressources d'une rhétorique onctueuse et nuancée qui doit bien quelque chose aux Jésuites du Collège Sainte-Barbe, où il fit ses études. Tout son effort, à partir du moment où il a pris cette attitude, sera d'accorder les problèmes tragiques qu'il se pose avec le souriant stoïcisme auquel il veut se tenir.

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��Au premier abord, quand on le suit dans cette

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