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44^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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��Tout son succès tient à cela : il offre à ses contemporains une philosophie sans larmes, sans angoisse et sans effort et notre monde démocra- tique qui n'aime pas l'effort qui a peur de l'an- goisse, et qui a inventé le " droit au bonheur ", veut tout de même se donner le luxe d'une philosophie. Maeterlinck y suffit, et c'est pour cela que son œuvre vivra peut-être dans l'histoire des idées comme une exacte représentation de l'idéal à bon marché qu'est le nôtre.

Somme toute, lui aussi, il veut " donner un sens complet au mot exister ". Mais avec une sagesse flamande, il a mis à son existence des bornes précises. Comme la béguine 'de Bruges, il possède l'art d'embelHr l'humble enclos oia s'accomplira sa destinée : nul mieux que lui ne connaît sa maison, son jardin, mais il sait qu'on ne doit pas regarder par dessus le mur, si l'on ne veut pas souffrir de la nostalgie de l'Impossible. Quand on peut s'en contenter, c'est peut-être là une bonne règle pour la vie intérieure, et il semble qu'il n'y ait point de meilleure méthode pour acquérir cet optimisme, dont l'âme européenne, après tant d'inquiétudes, a le besoin périodique. Quand on a tremblé pen- dant " les nuits enceintes ", on aime, au retour de l'aurore à prendre confiance dans la journée qui vient, et l'on écoute avec plaisir celui qui conseille

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