Aller au contenu

Page:NRF 8.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

41

��SOLITUDE

��Par les chemins cachés d'une ville, à une heure trouble, par certaines routes prisonnières dans le filet des bruits, comme un dessin musical se perd dans l'orchestre, un homme obscur, un homme invisible avance et pense, vers un quartier calme où sommeille un pare- il a quitté son quartier sombre, encombré de fumées dormantes, avec des moignons de cheminées noires. Un quartier livide à la bouche fiévreuse, aux mains sales, aux vitres scléreuses. Un quartier qui a toujours soif. Une partie du corps de la ville où elle a mal... Il arrive du fond de son travail, un peu penché, comme un haleur. Il arrive du fond de son passé.

L'air et la route s'éclairent et changent. Les lumières s'espacent. Un souffle apporte une har- monie tendre. Une odeur suscite un trouble furtif. Un autre quartier vient de s'ouvrir, avec ses bras larges, ses gestes clairs, avec ses élans étouffés de musique, avec ses tournants et ses lointains purs, comme de belles épaules de femme, où tremblent les colliers des premières lumières...

�� �