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468 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nouirent comme un rêve. Qui n'envierait le sort de ces doux extasiés ?... "

Pour entraîner ces foules immenses, il n'y avait qu'un procédé : il fallait parler à leur cœur. Et dans l'art, le grand moyen, sinon la grande invention des mendiants, ce fut le Pathétique.

Dans l'emploi du pathétique, Dominicains et Francis- cains, ces frères ennemis, collaborent. On dit couramment que les Cordeliers étaient des ignorants, des simples, tandis que les Jacobins étaient des scolastiques, des savants. Et c'est vrai que l'Ange de l'Ecole, Saint Thomas est un fils de Saint Dominique. Mais dans la pratique, cette distinc- tion est assez vaine. Ce n'est pas avec des syllogismes et des raisonnements qu'un Saint Bernardin de Sienne, un Raymond de Peynafort, un Saint Vincent Ferrier soule- vaient les masses profondes du peuple : ils frappaient à coups redoublés sur le coeur.

Avec Saint François, le goût des idées se perdit peut- être, mais tout prit un accent nouveau de familiarité, d'émotion, de vie. Le treizième et le quatorzième siècles ont vu s'accomplir cette transformation. Mais c'est le quinzième qui en développa les conséquences et porta aux extrêmes limites les principes en germe dans l'art de l'épo- que antérieure. L'esthétique de la démocratie mendiante devint celle de toute la chrétienté. Françaises ou allemandes, anglaises ou néerlandaises, italiennes ou espagnoles, des mil- liers d'oeuvres d'art en témoignent encore. Leur variété peut surprendre, mais on s'aperçoit bientôt qu'elles pro- cèdent d'une source unique : la recherche passionnée de l'expression. " Et sans doute, l'art du XIII* siècle l'em- porte sur celui du XV^ en noblesse idéale ! Peut-être y

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