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47^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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Or, Suétone a été lé secrétaire d'Adrien, le grand empereur du second siècle. Chef des secré- taires, et non pas seulement un scribe entre plusieurs. 11 a beaucoup vécu au palais. Silencieux, certes, toujours silencieux, comme il convient à la plume de l'Empereur. Bien plus que familier de la demeure impériale, l'oreille du mur et le miroir du cabinet. On espère, peut-être, que le miroir, à mesure qu'il reflète les images, ne les retient pas. Ou bien ne se soucie-t-on pas d'y penser. Ici, l'oreille est aux écoutes, et fait collection de toutes les paroles entendues ; le nez et l'œil aux aguets, un complice inconnu tient registre des odeurs, des mouvements et de tous les gestes.

Etre complice ! J'imagine les voluptés de ce secrétaire sans paroles. Toujours froid, toujours muet, bouche close, l'homme même qu'il faut à un prince, tel qu'Adrien ; non pas en confiance avec son maître, mais en accord avec une volonté précise. Suétone s'acquitte parfaitement de sa be- sogne, et l'Empereur n'en demande pas plus. Le zèle, un soupçon d'amitié seraient désagréables à ce grand prince, plein d'action et de paresse ; plus voyageur et plus curieux que pas un autre ; sou- verainement moqueur et dédaigneux, égoïste pro- fond ; de goût précieux ; de volonté longue et puissante ; familier avec froideur, et distant sans

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