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Page:NRF 8.djvu/551

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NOTES 545

d'être ; rien n'importe plus, même son amour, rien n'importe plus sinon l'heure présente et la petite Tahitienne qui ne connaît que l'étreinte, la rêverie et le silence ; et nous n'avons pas même, quand il meurt, le regret de le voir mourir. — On pourra reprocher à cette confession de sincérité et de fantaisie précisément ce qu'elle laisse d'informulé dans le visage et l'aventure du jeune homme qui s'y dépeint. Mais voilà justement son charme. Faut-il bouder notre plaisir ? Non, M. Julien Ochsé dont la poésie nous parut jusqu'ici trop exclusivement nourrie de Baudelaire, et un peu raide dans sa mollesse factice d'Orient, nous en révèle un autre aspect plus subtil, plus original et dont les qualités foncières gagnent à être moins resserrées et moins tendues. Ce livre est bien un livre et non une collection de morceaux ; car on n'en saurait détacher aucun qui vraiment se suffise ; il vaut par la continuité, l'étirement et la longue langueur.

H. G.

��A PROPOS D'UN LIVRE SUR L'ESTHETIQUE

La revue VArt Décoratif a publié récemment un livre touchant, plein d'un enthousiasme furieux et vague et d'affir- mations que rien n'intimide. Il s'intitule Economie Esthétique ; son auteur M. Maignan a pris lui-même le soin d'en résumer le sens en cette épigraphe : La question sociale sera résolue par V Esthétique. — Il est difficile de discuter une foi si respectable. Mais sans la discuter, sans même entreprendre la critique du livre de M. Maignan, je trouve l'occasion bonne de réfléchir sur le sujet qu'il soulève un peu inconsidérément et de tâcher à préciser le rôle de l'artiste.

L'idée maîtresse de M. Maignan, c'est que l'Art a une origine et par suite une fonction sociales, qu'en s' alliant à la Science et à une sorte de confus mysticisme, il peut régénérer

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