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CHRONIQUE DE CAERDAL 685

peine que pour y puiser. De là, qu'il est si sain et si consolant au commun des hommes. Il les ras- sure. Il les rétablit dans la foi qu'ils ne veulent pas perdre. Il les approche de la connaissance, et ne les y précipite pas. Son vendredi saint s'arrête toujours avant la troisième heure, interrompu par la fanfare.

Mélancolie immense ou douleur de sa propre vie, volonté infatigable de vaincre, et victoire dans la conquête de la paix, sinon dans le bonheur, rien n'est plus fini que les sentiments de Beethoven. L'étonnante beauté des lignes marque le caractère de cette musique, à elle seule. La puissance de la forme, en aucun art, n'a été portée plus loin que dans les derniers quatuors, et les quatre dernières sonates. La ligne, ici, se suffit à tel point, qu'on ne prend même plus garde à la totale absence de couleur. Beethoven est un Michel Ange optimiste.

��Une harmonie sans surprises, une vaste clarté ; des sentiments puissants et simples, des lignes pareilles pour la force aux montagnes ; un chant, qui se déroule, fleuve et torrent, avec l'irrésistible dessin du Père Rhin dans sa vallée : il n'est pas de musique, prenant le cœur, qui atteigne plus directement l'esprit que celle de Beethoven. Elle occupe l'âme d'idées pathétiques. Elle l'obsède

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